du mercredi 16 au jeudi 17 octobre 2019
Présentation
Quand certains dansent d’autres tuent.
Nul n’a oublié ce qu’il faisait le soir du 13 novembre 2015, des millions de souvenirs gravés par l’effroi des attentats de Paris : nous sortions de scène, heureux… Confusion des émotions.
Sous un titre en forme d’oxymore, COUP DE GRÂCE, sept superbes interprètes s’élancent dans une exploration, entre sombre et lumière, des chemins empruntés pour atteindre ce que serait la grâce.
Dans le paysage abasourdi d’une actualité contemporaine marquée par la violence de masse, les destructions iconoclastes et les bouleversements de fond, Michel Kelemenis explore l’appropriation ambivalente et l’amplitude sémantique de ce terme de « grâce ».
Au plateau, le chorégraphe parie sur la force d’un assemblage d’images et de gestes incompatibles, évoquant les chemins empruntés pour accéder à cet état de sublimation. Sur une étude plastique de la lascivité s’agrègent les répercutions gestuelles et spatiales de sentiments et d’actions liés à la terreur : panique, effroi, fuite éperdue, vacillement, effondrement… Que la musique d’Angelos Liaros-Copola place sous une même intensité. Comme chacun témoin impuissant des déflagrations que connaît le corps social de l’humanité, le chorégraphe reconsidère une de ses questions les plus obsédantes :
la grâce peut-elle émerger de la disgrâce ?
NOTE D'INTENTION
« Accepter que la vie ne soit qu’un effacement est la plus belle leçon que je reçois de la danse.
S’attarder sur l’état de grâce, se souvenir jusqu’au dernier souffle des merveilles révélées à mes yeux au long de milliers d’heures en présence de la danse, et, faute de pouvoir retenir le geste, clore mes paupières pour en contenir la trace.
Ces merveilles ? Des femmes, des hommes, danseuses et danseurs, que mon état de chorégraphe m’aura offert de voir éclore à leur talent, à leur transfiguration.
Une croyance divinement athée en l’humain m’invite à l’aimer éperdument pour cette aptitude au sublime.
Dans ma quête d’une grâce animée qui ne soit ni évanescence, ni désuétude, ni affectation, un accroc s’impose dans une funeste coïncidence…
Au matin de la Première de La Barbe bleue - pour moi une femme séduisante portée par les spectres de six époux assassinés vers celui qui sera son septième et dernier- je communiquais la création ainsi : la naissance d’un monstre sanguinaire marque ce jour.
Ce jour ? Le 13 novembre 2015. Alors qu’à Aix-en-Provence se déroule le drame fictionnel d’une cruauté jalouse parée de grâce et de beauté, à Paris, 130 personnes perdent la vie, ainsi que sept assaillants persuadés que ce geste tragique, d’un dieu leur apporte… la grâce.
L’atteinte collatérale, dérisoire au regard de l’Histoire, demeure marquée d’une encre indélébile : elle entretient une fusion envahissante d’émotions contradictoires intenses, des entrelacs indissociables d’éclats de lumière et d’éclats d’acier.
Derrière la beauté peut se tapir l’horreur, derrière l’horreur, l’hypothèse d’un paradis… »
Michel Kelemenis
BIOGRAPHIE
Né en 1960, Michel Kelemenis commence la danse à Marseille à l’âge de 17 ans. Dès 1983, il est interprète au sein du Centre Chorégraphique National de Montpellier auprès de Dominique Bagouet et écrit ses premières chorégraphies, dont Aventure coloniale avec Angelin Preljocaj en 1984. Lauréat de la Villa Médicis Hors-les-Murs en 1987, il fonde la même année Kelemenis&cie. En 1991, il est lauréat de la Bourse Léonard de Vinci, et du Fonds japonais Uchida Shogakukin, et l’année suivante lauréat Beaumarchais pour la création de Cités citées. Son parcours est salué par 2 distinctions : il est nommé Chevalier dans l’Ordre National du Mérite en 2007 et promu Officier des Arts et des Lettres en 2013. Ses nombreuses pièces (plus de 60 dont une quarantaine pour sa compagnie) sont présentées à travers le monde. Amoureux du mouvement et des danseurs, de ces instants exceptionnels où le geste bascule dans le rôle, Michel Kelemenis articule ses créations autour de la recherche d’un équilibre entre abstraction et figuration. Pour son style personnel, qui allie finesse et performance, le chorégraphe est sollicité par les Ballets : de l’Opéra national de Paris, de Genève, du Rhin, du Nord ou le Ballet National de Marseille.
Il accorde à la musique contemporaine une place essentielle, notamment en sollicitant les œuvres originales des compositeurs Christian Zanési, Philippe Fénelon, Philippe Hersant, Yves Chauris, Gilles Grand. À l’Opéra de Marseille, il met en scène en 2000 le drame lyrique et chorégraphique L’Atlantide de Henri Tomasi. Il participe aux créations du Festival d’Aix-en-Provence, en 2003 auprès de Klaus-Michaël Grüber et Pierre Boulez, et en 2004 auprès de Luc Bondy et William Christie.
En 2007, Michel Kelemenis s’essaie à la narration avec, notamment, des créations en direction du public jeune et la commande de Cendrillon par le Ballet du Grand Théâtre de Genève suivie en 2015 de La Barbe bleue pour sa compagnie. Des missions régulières, portées par l’Institut Français à Cracovie, Kyoto, Johannesburg, Los Angeles, en Inde, en Corée et en Chine, naissent des projets de formation, de création et d’échange, de façon toujours bilatérale, avec des artistes d’expressions différentes et des compagnies étrangères. Une coopération ininterrompue avec l’Afrique du Sud depuis 1994 se prolonge encore aujourd’hui. De nombreuses actions croisant création et pédagogie sont menées au sein de formations supérieures et professionnelles, à l’attention desquelles le chorégraphe élabore le Carrefour artistique BOUGE en 2016.
En octobre 2011, à l’initiative de Michel Kelemenis, KLAP Maison pour la danse à Marseille, nouvel équipement de 2000 mètres carrés dédié à la création et à la culture chorégraphiques est inauguré. Aussitôt, KLAP amplifie les actions fondamentales de Kelemenis&cie autour du cœur battant de la création : soutien aux auteurs et aux compagnies, partage artistique éducatif, insertion professionnelle, coopération et culture chorégraphique. L’acte de création s’épaissit de nouvelles formes pour intégrer de nouveaux champs : le territoire rural et extérieur, le Jeune public, la mise en perspective du répertoire et des spectacles pour les grands plateaux. En 2017 Kelemenis&cie fête ses 30 ans de création.
Voir, écouter et lire
Février 2019
Zibeline
Quand la terreur est bousculée par la grâce.
Séances et tarifs
Autour du spectacle
Jeudi 17 octobre 2019
Rencontre à l'issue de la représentation
Générique
Chorégraphie & scénographie : Michel Kelemenis • Création musicale : Angelos Liaros-Copola • Interprètes : Luc Benard, Émilie Cornillot, Maxime Gomard, Aurore Indaburu, Cécile Robin-Prévallée, Anthony Roques, Pierre Théoleyre • Lumière : Jean-Bastien Nehr • Costumes : Camille Pénager • Régie lumière : Nicolas Fernandez • Régie son et plateau : Jean-Charles Lombard
Coproduction : Kelemenis&cie, Théâtre Durance - scène conventionnée d’intérêt national de Château-Arnoux-Saint-Auban • Soutiens : Le Merlan scène nationale de Marseille, Châteauvallon - scène nationale à Ollioules, Le Pavillon noir - CCN d’Aix-en-Provence, La Maison des Arts de Thonon-les-Bains, L’Autre Scène - Grand Avignon à Vedène