Présentation
Quatre jongleurs et quatre percussionnistes se lancent la réplique, jouent : les uns avec le rythme des instruments, les autres avec celui des balles. Ensemble, ils tentent d’échafauder un langage, propre à cette rencontre, afin d’en explorer le champ des possibles. Ainsi naît une partition musicale jonglée. Les deux quatuors, rivalisent de virtuosité et de musicalité et se jouent du temps... Plus rien ne vient distraire l’attention de l’essentiel : le geste brut et la quête du rythme, guidée par les rebonds d’une balle que l’on échange de main en main, d’une baguette qui vient frapper une peau tendue sur le bois. Les quatre instrumentistes donnent aux jongleurs le goût de la transe et éveillent l’envie de jouer avec la syncope, les accents et la mesure qui tourbillonnent. L’œil et l’oreille ne font plus qu’un. Naît alors une poésie de l’illusion dont la magie tient autant de l’adresse circassienne et musicale que de la chorégraphie.
Note d'intention
« Encore la vie pourrait être la traduction littérale et maladroitement touchante de « Still life » qui signifie « nature morte » en anglais. Les natures mortes, qui ne représentent que quelques fruits dans un peu de vaisselle, occupent une place particulière de par l’expérience à laquelle elles invitent le spectateur.
L’extrême banalité du sujet dont on exclut toutes les séductions liées à l’acte de représenter, loin du spectaculaire, du pittoresque, instaure une relation singulière avec celui qui regarde. L’objet représenté, lui-même, sans beauté particulière, n’est pas au centre de ce qui se joue entre l’œuvre et le spectateur et qui se trouve ailleurs.
Dans les natures mortes de Cézanne ou Manet, plus rien ne vient distraire l’attention de l’essentiel, c’est-à-dire, la peinture en elle-même, du geste qui est porté à l’attention, de l’action de l’artiste sur sa matière, de la trace de son travail d’homme ou d’artisan en prise avec son matériau.
Nous avons fait de cette posture esthétique le début d’une rencontre possible entre musique et jonglerie.
En plongeant dans la sensualité et la richesse évocatrice de nos domaines respectifs, notre sujet se réduit à la familiarité, à la banalité, d’une balle que l’on échange de main en main, à l’humilité d’une baguette venant frapper un cercle métallique ou une peau tendue sur le bois.
Au cours de notre travail commun, nous cherchons à construire un objet qui tiendrait par la force de son style et sa capacité à éveiller l’attention du spectateur, à susciter son désir, en refaisant avec nos médiums respectifs l’expérience de leur pouvoir d’évocation.
Tous les tableaux du spectacle n’ont pas la divine simplicité de trois pommes dans un compotier. Nous figurons parfois quelques relations entre personnages, quelques bribes de narration dont l’ambiguïté poétique prête à l’interprétation personnelle. Même du côté des natures mortes, parfois un verre renversé, une serviette chiffonnée suffisent à évoquer un moment d’une scène interrompue et faire rentrer le tableau dans la narration, le temps qui s’écoule. Le temps de nos personnages est celui de la découverte et du partage, de menues interactions comme autant de répliques sinon de réponses aux contingences, aux douces étrangetés qui viennent interroger nos perceptions.
Les personnages donnent naissance à de drôles d’objets sphériques, œufs à couver, balles à collectionner, matériaux à manutentionner, devant lesquelles la vie collective et individuelle s’organise.
Le but reste incertain, les réactions certainement maladroites, mais la petite communauté s’organise, aux aguets comme un chat devant un trou de souris, espiègle comme des écoliers qui conjurent l’hostilité de leur environnement par l’invention de jeux, de comptines et de rondes enfantines. Le temps passe, suscitant attente, attention et intérêt devant ces personnages qui se livrent à une activité manuelle, physique, précise et organisée sans finalité explicite. Le futur ne cesse de fuir mais le présent rendu dense par la pulsation, pulsion de vie qui contamine les corps et les objets, nous accroche sans cesse. »
Nicolas Mathis
BIOGRAPHIES :
Nicolas Mathis se forme à l’école du Cirque Plume pendant son enfance avant de se consacrer à diverses études universitaires (mathématiques et philosophie) puis, intègre le studio de création Lido, centre des arts du cirque de Toulouse en 2001 où il crée sa première pièce en 2002. Il devient alors Lauréat de plusieurs concours internationaux (European Youth Circus, La piste aux espoirs, Numéro Neuf à la Villette ou Jeunes Talents Cirque au Théâtre de la Cité internationale). Le Collectif Petit Travers est fondé en 2004 et les créations s’enchaînent. Nicolas Mathis a depuis co-créé 8 pièces et joué sur les scènes du monde entier. Depuis 2011, il impulse les visées artistiques du Collectif en codirection avec Julien Clément. Nicolas intervient régulièrement dans les cursus de formation des écoles supérieures auprès de jeunes jongleurs et transmet les langages du collectif au sein de toutes sortes de stages.
Paul Changarnier étudie la percussion en Normandie puis au CNSMD de Lyon jusqu’en 2014. Il est lauréat du Concours International de Cannes en 2010, de la fondation Yamaha Music Europe en 2013 et en 2012, avec le Trio SR9, du Concours International du Luxembourg (Premier Prix, Prix du Public et Prix d’interprétation). Il cofonde le Trio SR9 en 2010, l’Ensemble TaCTuS en 2011 et le Collectif A/R et Dog Food en 2012. Il développe maintenant ses propres créations musicales et chorégraphiques et parcourt ainsi la France, l’Europe et les quatre coins du monde entre concerts, spectacles et master classes.
Voir, écouter et lire
25 septembre 2019
La Terrasse
Suite de scansions, de pulsations, de courses et de trajectoires… : Encore la vie allie les disciplines pour faire surgir la richesse éruptive de la complémentarité artistique.
28 octobre 2019
La Terrasse
Les saisissements succèdent aux petites choses, les étonnements aux réalités les plus infimes, dans une suite de tableaux qui composent, décomposent, recomposent sans cesse événements et situations.
Séances et tarifs
Générique
Écriture et mise en scène : Nicolas Mathis • Direction musicale : Paul Changarnier • Avec : Neta Oren, Bogdan Illouz, Bastien Dugas, Taïchi Kotsuji (Collectif Petit Travers) • Raphaël Aggery, Ying-Yu Chang, Paul Changarnier ou Théo His-Mahier, Quentin Dubois ou Pierre Olympieff (Ensemble TaCTuS) • Musique originale : Paul Changarnier • Répétiteur jonglage : Julien Clément • Création lumière : Alix Veillon • Création son : Vincent Le Meur • Scénographie : Nicolas Mathis et Thibault Thelleire • Construction décor : Olivier Filipucci et Thibault Thelleire • Peintures : Camille Davy • Costumes : Sigolène Petey
Coproduction : Collectif Petit Travers, Ensemble TaCTuS ; Théâtre Molière-Sète, scène nationale archipel de Thau ; Le Vellein – Scènes de la CAPI - Villefontaine ; CCN2 – Centre chorégraphique national de Grenoble, dans le cadre de l’accueil studio ; domaine d’O – Montpellier ; Le Train-Théâtre, Portes-lès-Valence ; The Marcel, Sète • Soutiens et accueils en résidence de création : Plateforme 2 Pôles Cirques en Normandie, La Brèche à Cherbourg - Cirque Théâtre d’Elbeuf ; La Cascade, Bourg-Saint-Andéol, Pôle National Cirque Ardèche / Auvergne-Rhône-Alpes ; Les Subsistances, Lyon • Soutiens : Ministère de la culture - commission nationale, DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, Région Auvergne-Rhône-Alpes, Spedidam, Bergerault Percussions Contemporaines • Production déléguée : Théâtre Molière-Sète, scène nationale archipel de Thau • LE ZEF reçoit le soutien de l’Onda – Office national de diffusion artistique pour l’accueil de ce spectacle