les 15 et 17 juin > 19h
Présentation
Un homme est allongé, la tête plantée dans le sol, son corps étendu par terre. De ce corps, des mouvements commencent à apparaître. D’abord contenus, telles des réactions à quelques stimuli invisibles, jusqu’à devenir excessifs, presque incontrôlés. Puis tout le corps se dressent comme un totem. Mots, bruits, voix, musiques se font alors entendre pêle-mêles, tantôt énigmatiques, parfois inquiétants et jouent avec ce corps en mouvement. Que se passe-t-il, là-dessous ? Une histoire se dessinerait-elle, invisible à nos yeux ? Ou bien, sommes-nous les témoins de la pensée souterraine de cet homme étrange ? D'une rotation habile, ce corps sans tête dont la présence trouble le regard, invite à l’exploration d’un monde inconnu... Les possibilités de l'hors-champ deviennent multiples et ce curieux sous-sol fascinant : on ne peut détacher le regard de cette performance chorégraphique qu'à l'issue d’un insolite dénouement...
Grâce à la bande sonore savamment composée par Éric Petit, ce solo de Romain Bertet se joue, par l’imperceptible, du regard des spectateurs face à ce personnage temporairement dépourvu d’identité. Lorsqu’il se redresse enfin, nous ne savons plus très bien qui du chorégraphe ou du public, de l'envers ou de l’endroit, était dans le bon sens.
NOTE D'INTENTION
Question de sens
Underground se pose comme un mouvement contraire. L’action première, se planter la tête dans la terre, est déjà l’action définitive. Elle ne prend pas le temps de faire naître une émotion pour le spectateur. Elle la convoque tout de suite.
Peur, fascination magique, étonnement, volonté de compréhension : celui qui regarde ne pourra pas échapper à ce qui se passe devant lui. Un homme est planté à l’envers, dans la terre, et rien ne nous laisse croire qu’il puisse rester vivant bien longtemps.
Mais il ne s’agit pas de s’en tenir à cet acte fondateur, d’en faire une épreuve physique.
Ce qu’il m’intéresse de creuser, autre qu’un trou pour y glisser ma tête, c’est l’inversion des normes. Le sous-terrain n’est-il pas le lieu que l’inconscient collectif a choisi comme lieu de révolte contre la culture dominante ? Est-il possible d’y trouver là une puissance de réinvention ?
Me plonger en terre, c’est mettre mon corps à cet endroit frontière : encore chez les vivants et pourtant déjà un peu ailleurs. Et dans cette position "inhumaine", trouver la force qui permet de bouger et de me tenir droit, encore.
J’ai expérimenté cette action, il y a quelques années, lors d’une performance que j’avais faite dans le jardin de L’Hôtel des Arts de Toulon. Les spectateurs présents s’étaient mis à se parler entre eux, comme si je ne pouvais plus les percevoir. La présence de mon corps sans tête ne suffisait plus à ce qu’ils me sentent totalement parmi eux. Pourtant toute leur attention était portée vers moi. J’étais ailleurs. Mais où ?
Romain Bertet
BIOGRAPHIE
Romain Bertet - danseur, chorégraphe
Romain a d’abord été défricheur en physique, fouilleur en sociologie, histoire, et anthropologie (DEA de l’université de Montpellier), avant de commencer à creuser la danse, la performance et le théâtre. Il se forme à la compagnie Coline, puis intègre le cursus de l’interprète à l’auteur, au CCN de Rillieux-la-Pape. S’ensuit une longue expérience d’interprète avec plusieurs chorégraphes et metteurs en scène dont Maguy Marin, Alban Richard, Ambra Senatore et Georges Appaix.
Il commence en parallèle à créer ses premières formes chorégraphiques, seul ou accompagné, dont Feldspath (avec le plasticien Barbu Bejan) et Le fond du lac (avec l’auteur Samuel Gallet). Il fonde en 2015 la compagnie l’Œil ivre à Toulon. Il crée une première pièce De là-bas, qui l’inscrit immédiatement aux frontières de la danse, du théâtre et de l’installation scénographique. Sa volonté d’expérimenter de nouvelles formes de mise en scène l’amène aussi à proposer plusieurs performances dans des musées ou l’espace public. En novembre 2018, il crée EcouterVoir, pièce pour 3 danseurs et un musicien-compositeur autour d’une recherche sur le son comme imaginaire matériel pour la danse.
Romain est également à l’origine de plusieurs espaces de création et d’expérimentation. Après avoir initié La Ruche à Lyon à partir de 2008 avec un collectif de jeunes danseurs et chorégraphes, il a crée en 2017 Le Volatil, un lieu de recherche pluri-disciplinaire à Toulon. Romain a été artiste associé au ZEF - scène nationale de Marseille, au sein de La Ruche, dispositif pour artistes émergents, de 2017 à 2020.
Voir, écouter et lire
10 septembre 2020
Le monde
Une seule rotation et c’est l’homme qui porte le monde !
Séances et tarifs
Générique
Conception, interprétation, texte : Romain Bertet • Texte et dramaturgie : Samuel Gallet • Régie et création son : Éric Petit • Complicité artistique : Vivianne Balsiger • Regard extérieur : Max Fossati
Production : L’Œil ivre • Coproduction : LE ZEF - scène nationale de Marseille, La Maison, CDCN Uzès Gard Occitanie • Résidences de création : LE ZEF - scène nationale de Marseille, Châteauvallon-Liberté, scène nationale, La Maison, CDCN Uzès Gard Occitanie