Exposition visible dans le hall avant et après les représentations

EXPO

Virage

Yohanne Lamoulère - Artiste de la Bande

Vernissage reporté à la saison prochaine

Fanzine > Yohanne Lamoulère © Christopher Marc

Présentation

Yohanne Lamoulère photographie des gens. Ceux qui vivent où elle vit et où elle a vécu. Des corps en représentation dans des paysages meurtris. Ils mentent comme ils peuvent, immobiles et solaires. Ils jouent à se mettre en scène parce que c'est vital. Ils racontent des histoires et s'emparent de celles qu'on raconte sur eux. Certaines fictions sont confortables. On plonge dedans, on se les approprie. D'autres sont mal taillées, alors on les tord ou on les rejette. Toujours du mensonge dans la rencontre. Ça se donne, ça se refuse. Ça s'apprivoise, dans un sens comme dans l'autre. Résultat : des centaines de confrontations consacrées par des bouts de papier exposés au mur. Et qu'est-ce que ça change ?

C'est la question que Yohanne Lamoulère se pose en retournant auprès de personnes déjà photographiées pour poursuivre une relation entamée souvent des années auparavant. En essayant de saisir à nouveau ce qu'elle leur a pris et ce qu'ils lui ont donné : une image de leur corps. Voilà l'enjeu de ce rendez-vous. Tester la distance. La prendre ou la casser, comme à la boxe. Tourner autour pour y voir plus clair, puis s'enfoncer dans cette matière mixte et foisonnante. Des images, du texte, et un fanzine* pour tenter de dire l'envers, en interrogeant la sincérité de la démarche documentaire et comprendre ce qui se joue dans l'intimité de ces moments, lorsque l'oeil est rivé sur une réalité qui le déborde.


 
BIOGRAPHIE

Yohanne Lamoulère naît en 1980, pas très loin de la Méditerranée. Elle obtient son bac aux Comores, prépare une licence d’histoire de l’art à Montpellier, puis est diplômée de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles en 2004, et s’installe finalement à Marseille.
Yohanne n’a jamais eu la fibre du portraitiste mercenaire, dont le cadrage gommerait docilement le personnage tombé en disgrâce pour mieux inclure le "fils de" promis à un bel avenir. Elle préfère la compagnie des gens. Pas parce qu’elle en aurait fait un épais concept, mais parce que c’est là où elle vit. Elle met du sien dans ses images sans jamais basculer dans le nombrilisme, cette subjectivité sans fond qui rend le monde plus opaque qu’il ne l’est vraiment.
Bruno Le Dantec