du mardi 05 au mercredi 06 octobre 2021
Présentation
Folie, pièce emblématique du répertoire de Claude Brumachon, créée à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française, a été maintes fois reprise, en France comme à l’étranger. Reconnu comme œuvre chorégraphique de référence du XXe siècle, ce ballet qui traverse le temps et les corps a été dansé par des centaines de danseurs autour du monde : France, Chili, Nigéria...
Quinze corps amalgamés, « unis dans un craquement de boue et de terre séchée », rejouent la naissance de l’Histoire. Dans l’espace démesuré du plateau, semblable à un gigantesque lac, ils s’engagent dans une lutte primordiale, celle que mènent partout des hommes et des femmes opprimé•e•s. Les saccades des corps emmêlés, qui enflent et refluent comme une marée humaine à la volonté implacable, disent l’essence de toute révolution : les pièges, la division, la discorde, le rassemblement. Par des mouvements percutants et directs, sans concession, ils se dressent, vague après vague, s’élancent puis se brisent, sans cesse. Un bouillonnement volcanique et sauvage, qui célèbre l’ardeur des corps et la vitalité des peuples par une danse énergique et transgressive.
NOTE D'INTENTION
FOLIE est un ballet de groupe, un corps immense composé de quinze danseurs.
Une marée humaine qui se lève, ensemble, unis dans un craquement de boue et de terre séchée mélangée, collée à notre peau. Une marée qui monte et descend suivant le rythme intense de nos respirations. Nous ployons sous le poids de nos bras dépliés, retenus par l’épaisseur de l’air qui s’écrase et se tasse, compressé contre la voile tendue d’un bras extirpé du corps familier. Seul le sol, immuable, nous soutient. Un océan empli de vies, de luttes, de morts. Nous sommes les vagues de l’été caressantes et chaudes. De ces vagues voraces aux courants traîtres qui ne laissent pas le temps du choix à l’aventurier insouciant des dangers. Nous sommes les déferlantes, les grandes marées d’équinoxe, ravageuses, dévastatrices. Ouragan.
FOLIE c’est la folie des hommes entre eux, impitoyables chercheurs de cruauté, qui s’affrontent sans se regarder, sans s’aimer, ou qui s’aiment mais s’affrontent pour survivre. Folie animale des frégates magnifiques aux jabots rouges d’apparat, les ailes en étendard, somptueuses étoiles, qui plongent tels les bombardiers sur Berlin, avides de la chair tendre des nouveau-nés qui rampent vers un océan-mère qui ne les protégera pas. La terre qu’on ramasse à pleines mains, à pleine boue parce qu’elle est nourricière, folie rampante, la terre du feu, des explosions, des irruptions. Une fièvre incandescente nous brûle. Une fièvre alimentée, créée de toute notre énergie. La vie.
FOLIE c’est nous, qui ne le savons pas. Nous ne pouvons que le sentir, et c’est ce que nous dansons, acharnés à vaincre les limites de notre possible. Ce raz-de-marée nous emporte. Nous le dansons, il nous emporte, et plus nous le faisons plus il nous engloutit. Nous passons dans la passion dévorante, celle qui sème les graines de discorde entre les gens qui s’aiment, celle qui récolte la zizanie pour son plaisir et justice l’amour. La création de l’œuvre se mêle à la vie de l’être et nous n’en discernons plus les limites.
Quinze danseurs dans l’espace vide d’un champ de bataille,
la terre, la mort, le peu d’espoir qu’ont les gens du petit peuple.
FOLIE pour quinze âmes déchirées, révoltées contre les crimes impunis.
FOLIE décide de faire marcher quinze danseurs vers la lumière,
une lumière bien cruelle qui les brûlera dans leurs élans.
Il ne restera de Folie que des éclats de chair et de sueur d’une extrême tendresse. Des Hommes et des Femmes agrippés l’un à l’autre, qui essaient de comprendre, qui essaient de danser. Des hommes et des femmes en marche.
FOLIE, gestuelle directe, sans concession, cassante. Le corps pris dans l’étau de la révolution. Le corps prisonnier de sa propre expression.
FOLIE, des hommes qui s’embarquent avec des rames brisées.
Claude Brumachon
BIOGRAPHIES
Après une formation aux Beaux-Arts de Rouen, Claude Brumachon découvre la danse et commence, dès 1980, ses recherches avec Benjamin Lamarche qui sera le complice de toutes ses créations. Il compose ses premières pièces et remporte en 1984 le 3ème prix au Concours chorégraphique de Bagnolet. Leur compagnie Les Rixes, naît en 1984. Le duo crée en quatre ans dix pièces dont deux majeures : Texane et Le Piédestal des Vierges. Puis en 1989, Folie, d’une étonnante virtuosité. En 1992, Claude Brumachon et Benjamin Lamarche fondent le Centre Chorégraphique national de Nantes qu’ils dirigent jusqu’à fin 2015. Ils inventent une danse énergique, tourmentée, passionnée et développent des collaborations avec des compagnies et des ballets du monde entier. Ils créent pour les musées Zadkine et Bourdelle à Paris, le musée des Beaux-Arts à Nantes. À partir de 2005, Brumachon et ses danseurs-danseuses développent un travail de création singulier avec les jeunes, valides et handicapés. Près de soixante-quinze pièces seront créées dans cette période.
En décembre 2015, ils quittent le CCNN et fondent leur compagnie indépendante Sous la peau. Ils créent en 2016 Mutant, puis Carmina Burana pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève. Ils créent en Limousin plusieurs pièces pour leur compagnie et mènent de nombreux projets sur la région : passation du répertoire, création pour amateurs, conservatoires, collèges et jeunes en situation de handicap. Ils transmettent et créent également pour des Écoles supérieures de danse et des Ballets du monde entier, Suisse, Russie, Argentine, Costa Rica, Australie, Madagascar et mènent depuis 1992 un travail au long cours au Chili.
Depuis ses débuts, Claude Brumachon a tourné ses créations internationalement. Pionniers, chercheurs, guides, Claude Brumachon et Benjamin Lamarche sont animés par une volonté et un désir d’être passeurs de danse pour éveiller la curiosité de tou.te.s et susciter un questionnement à l’égard de l’art vivant.
Voir, écouter et lire
(1994)
Dauphiné Libéré
Une supplication venue de l’intérieur et que nul Dieu n’entend. Bouleversant.
Séances et tarifs
Autour du spectacle
Mardi 05 octobre
Rencontre à l’issue de la représentation
Générique
Chorégraphe : Claude Brumachon • Assistant : Benjamin Lamarche • Musique : Christophe Zurfluh • Lumières : Denis Rion • Avec : Déborah Alvarez, Caroline Bouquet, Louise Breuil, Valentina Di Lullo, Vladimir Du Parc, Elisabetta Gareri, Lucía Gervasoni, Alexis Lemoine, Ernest Sarino Mandap, Anne Minetti, Vanessa Piccioni, Rachele Pinzan, Mathilde Rader, Madeline Tual
Production : Compagnie Sous la peau avec le concours de l’Association Sud-Nord • Coproduction : Institut Français de Madagascar – Les Francophonies, des écritures à la scène • La compagnie Sous la peau est subventionnée par le Ministère de la Culture-Direction régionale des affaires culturelles Nouvelle-Aquitaine, la Région Nouvelle-Aquitaine et l’Institut Français- Nouvelle Aquitaine pour certains de ses projets à l’international
En lien
Samedi 11 juin 2022