Présentation
Ils, elles, sont douze au plateau. Assez nombreux pour constituer une micro-société. Ensemble, ils explorent en mouvement les possibilités de faire monde avec l'autre. Départs, retours, suspensions, explosions... Dans cette négociation du partage d’espace, la chorégraphie joue des tensions, des revirements et des redites. Tout l’art de la composition d’Ambra Senatore se dévoile, avec ce filtre subtil de l’absurdité qui recouvre sa danse, faite de ruptures rythmiques et de connexions inattendues. La répétition et sa variation font, ici, écho à ce qui se passe dans la vie sur terre.
Jonathan Seilman taille une partition sur mesure, explorant ces musiques qui parlent de ce qui nous constitue, citant des pans de nos mémoires sonores et évoquant différentes influences culturelles. Mobile et fugace, la lumière joue elle aussi un rôle crucial, faisant le focus sur des scènes, des objets, des détails, en orientant le regard du spectateur, qui, loin d’être un simple témoin, se trouve lui aussi inclus dans ce peuple dansant. Une danse de la mise en relation directe, un bout d’humanité laissant la place à la fragilité, au doute et à l’espièglerie.
Note d'intention
« J’ai réuni douze personnes au plateau et d’autres autour de nous, avec l’envie de réfléchir avec nos corps et nos esprits sur la relation entre individus et collectif. En partageant des mois de vie, nous avons beaucoup dansé et beaucoup discuté, ensemble. Mes propos du début ont croisé ceux de ces personnes généreuses. Nous nous sommes deplacé•e•s. Nous venons à votre rencontre.
La pièce est un tableau de vies. Avec ce qu’on connaît, qu’on reconnaît, ce qu’on se demande et ce qui reste incompréhensible.
Quelques jours avant la première, nous avons rencontré un poème qui résonne avec la pièce et que nous souhaitons partager avec vous. En voici quelques lignes :
« Je saluerai ma mère, qui habitait le miroir
avec le visage de ma vieillesse.
Et saluerai la terre, son désir ardent
de me répéter et de remplir de graines vertes
son ventre enflammé
oui, je la saluerai
la saluerai de nouveau ».
Extrait de Je saluerai de nouveau le soleil de Forugh Farrokhzad, poètesse iranienne, 1935-1967
Tiré du recueil Une autre naissance, 1963. »
Ambra Senatore
Biographie
Chorégraphe et performeuse italienne originaire de Turin, Ambra Senatore est depuis 2016 directrice du Centre Chorégraphique national de Nantes. Sa danse se trouve à cet endroit ténu entre la construction de l’action, la fiction dans la répétition et la vérité de la présence. Au fondement de toute sa gestuelle se trouve le quotidien « observé à la loupe » qu’elle décale, renverse jusqu’à ce que le geste se fictionnalise, jusqu’à ce que la danse se théâtralise. Adepte des surprises, des cut, et des répétitions, qui rappellent le cinéma Ambra Senatore re-compose le réel à la manière d’un réalisateur. Elle dirige le regard du spectateur, à lui de recomposer ensuite le puzzle de cette matière chorégraphique et des indices qu’elle sème. Cette façon de jongler avec les situations jusqu’à l’absurde fait affleurer une douce ironie. En Italie, elle se forme auprès d’artistes tels que Roberto Castello, Rafaella Giordano avec qui elle collabore rapidement. En tant qu’interprète on la verra aussi travailler avec Jean-Claude Gallotta, Giorgio Rossi, Georges Lavaudant, ou Antonio Tagliarini. A la fin des années 90, elle crée des pièces en collaboration avec d’autres auteurs puis termine un doctorat sur la danse contemporaine (2004) avant d’enseigner l’histoire de la danse à Milan.
De 2004 et 2009, elle axe ses recherches chorégraphiques sur des soli qu’elle interprète : EDA-solo, Merce, Informazioni Utili, Altro piccolo progetto domestico, Maglie, avant de passer à des pièces de groupe : Passo (2010) en version duo puis quintet, A Posto (2011), trio féminin et John (2012). Avec sa compagnie EDA, qu’elle crée en 2012 à Besançon, elle chorégraphie sa première pièce jeune public à partir du texte de Fabrice Melquiot, Nos amours bêtes (2013), qui sera suivie en 2016 de Quante Storie, projet du dispositif « Au pied de la lettre », qu’elle compose en miroir avec Loïc Touzé. En 2014 elle présente Aringa Rossa, pièce pour neuf danseurs à la Biennale de Lyon faite de portés, de duos, de tableaux recomposés. Après Pièces (2016), elle crée au festival 2017 d’Avignon Scena madre*, spectacle pour sept danseurs où elle joue des codes cinématographiques.
Lorsqu’elle prend la direction du CCN de Nantes en janvier 2016, Ambra Senatore apporte dans ses bagages cette danse proche de l’humain, cette façon d’aller à la rencontre des personnes et des lieux. A Nantes comme ailleurs, elle propose des créations in situ dans les écoles (Petits pas et Pas au tableau) ou dans des lieux de patrimoine et musées (Promenade), imagine des rendez-vous - Primavera, Festival Trajectoires, chorégraphie les intermèdes dansés de l’opéra Cendrillon de Jules Massenet au Théâtre Graslin (Angers Nantes Opéra) et se lance dans des Conversations, dialogue ouvert avec la danse (2019) avec des personnalités et des habitants, pour comprendre comment la danse peut se glisser dans les grands débats de notre société contemporaine.
En 2018, elle co-écrit avec le chorégraphe Marc Lacourt, Giro di pista, bal participatif pour les enfants et les familles puis le duo, Il nous faudrait un secrétaire, 2021. En parallèle, elle crée en 2020, Partita, série de duos pour un danseur et un musicien live et invite l’équipe originelle de sa pièce Passo à s’investir dans Création 2023.
Séances et tarifs
Générique
Chorégraphie : Ambra Senatore • Sur scène : Youness Aboulakoul, Pauline Bigot, Pieradolfo Ciulli, Matthieu Coulon Faudemer, Lee Davern, Olimpia Fortuni, Chandra Grangean, Romual Kabore, Alice Lada, Antoine Roux-Briffaud, Marie Rual, Ambra Senatore • Musique originale : Jonathan Seilman • Création son avec les musiques adaptées de Beethoven «Moonlight» Sonata #14 Op. 27 n°2 (III. Presto Agitato), de Mozart «Requiem» (Mass in D Minor), de Schubert «Ständchen» (D. 957) : Jonathan Seilman • Lumières : Fausto Bonvini • Assistant (dans le cadre du dispositif Compagnonnage) : Cédric Marchais • Costumes : Fanny Brouste • Régie plateau : Bruno Fradet • Remerciements à Caterina Basso , Claudia Catarzi, Louis Chevalier, Andrea Moufounda, Andrea Roncaglione, Barbara Schlittler, Sveva Scognamiglio
Production : CCN de Nantes • Coproduction : Le Théâtre, scène nationale de Saint-Nazaire ; Théâtre de la Ville de Paris ; le lieu unique, Scène nationale de Nantes ; KLAP Maison pour la danse, Marseille • Le Centre Chorégraphique National de Nantes est subventionné par l’État - Préfet de la région Pays de la Loire - Direction Régionale des Affaires Culturelles, la Ville de Nantes, le Conseil Régional des Pays de La Loire et le Département de Loire-Atlantique.