du mercredi 08 au jeudi 09 mars 2023
Présentation
Umwelt est un spectacle phare de l’œuvre de Maguy Marin. Créé en 2004, ce spectacle d’une grande radicalité formelle défraie la chronique ; il n’a aujourd’hui rien perdu de sa force, bien au contraire...
Pièce à l’écriture minimale et répétitive, Umwelt plonge le spectateur dans un flot continu de corps qui passent, défilent, disparaissent et réapparaissent. Des femmes et des hommes sont aux prises avec le temps et luttent dans un environnement instable et chaotique où tout lien social semble avoir disparu. En fond de scène, un couloir constitué de portes et de miroirs, d’ouvertures et de fermetures, ponctue les apparitions et disparitions. Progressivement, le rythme change, les apparitions se dédoublent. Vision stroboscopique amplifiée par le son de trois guitares électriques, c’est un poste d’observation du monde ; ces figures incarnent nos luttes, nos contradictions, la banalité mais aussi la profondeur de nos gestes quotidiens. Alors que mugit cet ouragan du malheur qui semble être le souffle destructeur de l’Histoire, ces hommes et ces femmes s’adonnent, avec une frénésie et une insouciance tragiques, aux activités les plus communes et les plus dévastatrices pour leur environnement. On ne les entrevoit que par éclairs, dans un espace fragmenté, cependant que l’avant-scène se charge insensiblement de détritus qui font d’un espace, jusque-là encore vierge, un pathétique capharnaüm. Terrible réquisitoire sur la folie humaine qui saccage inexorablement la planète avec cette inconscience vertigineuse...
« Nous en sommes là.
À inventorier des aptitudes.
À jouer du possible sans le réaliser.
À aller jusqu’à l’épuisement des possibilités.
Un épuisement qui renonce à tout ordre de préférence et à toute organisation de but ou de signification.
On ne préfère pas celui-ci à celui-là.
On ne réalise plus, bien qu’on accomplisse.
Et c’est parce qu’on ne cesse de vouloir vivre non pas seulement de naître, d’expérimenter non pas seulement de constater, que nous nous dégageons de la complexité.
Que la complexité devient multiplicité.
Que le monde n’est plus complexe, mais multiple.
Une multiplicité où l’épuisement des possibles compose. Rythme.
Une multiplicité remplie de mouvements ininterrompus, avec des accélérations, des relâchements.
Des transformations constantes potentiellement capables de mettre en joie ou en tristesse, de nous mettre en puissance ou en impuissance d’agir.
Vivre nos capacités en transformation.
On n’est pas fait une fois pour toute.
On ne sait pas ce qu’une vie – ce qu’un corps- peut ?
On ne sait pas quelles sont les postures qui se déclineront de nos interférences (extérieures ou intérieures) ?
Postures, accidents, dissonances, marches et démarches.
Trop à faire avec un possible de plus en plus restreint pour se soucier de ce qui arrive encore.
Faire naître du possible à mesure qu’on en accomplit.
Car il n’y a d’existence que déploiement.
Epuiser les potentialités d’un motif par la composition, décomposition, recomposition des variations, successions, juxtapositions, en un flux continu : fugue et canon.
Des espaces qui se composent et se décomposent entre eux. Fragmentations et combinaisons possibles.
Des espaces peuplés, parcourus.
Construction mouvante, où la singularité rencontrée se prolongera au voisinage d’une autre.
Une construction de proche en proche.
Une construction par le milieu des choses.
Entrevoir les porosités pour dire encore la nécessité de l’adresse aux autres, de l’appel de l’indéfini.
Les “Autres” comme “mondes possibles” auxquels les déplacements, les objets confèrent une réalité toujours variable.
Les “Autres” qui n’ont d’autre réalité que celle que leur voix leur donne dans leur monde possible et qui constituent des “histoires”. »
Biographie
Danseuse et chorégraphe née à Toulouse, Maguy Marin étudie la danse classique au Conservatoire de Toulouse puis entre au ballet de Strasbourg avant de rejoindre Mudra (Bruxelles), l’école pluridisciplinaire de Maurice Béjart. En 1978, elle crée avec Daniel Ambash le Ballet-Théâtre de l’Arche qui deviendra en 1984 la Compagnie Maguy Marin. Le Centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne voit le jour en 1985 : là se poursuivent un travail artistique assidu et une intense diffusion de par le monde.
En 1987, la rencontre avec le musicien-compositeur Denis Mariotte donne lieu à une longue collaboration. Une nouvelle implantation en 1998, pour un nouveau Centre Chorégraphique National à Rillieux-la-Pape. Un « nous, en temps et lieu » qui renforce notre capacité à faire surgir « ces forces diagonales résistantes à l’oubli » (H. Arendt). L’année 2011 sera celle d’une remise en chantier des modalités dans lesquelles s’effectuent la réflexion et le travail de la compagnie. Après l’intensité des années passées au CCN de Rillieux-la-Pape, s’ouvre la nécessité d’une nouvelle étape à partir d’un ancrage dans la ville de Toulouse à partir de 2012. En janvier 2015, Maguy Marin et la compagnie retrouvent l'agglomération lyonnaise. Une installation à Ramdam à Sainte-Foy-lès-Lyon qui enclenche le déploiement d’un nouveau projet ambitieux : RAMDAM, UN CENTRE D’ART
Voir, écouter et lire
24 novembre 2015
La Terrasse
Hypnotique, avec ces figures de retour du même, la pièce interroge les splendeurs et misères du vivre ensemble, d’une condition humaine éphémère et fragile, de façon radicale.
7 décembre 2015
Toute la culture
Un challenge technique et une réflexion très puissante sur la consommation que nous faisons tous, laissée au libre arbitre des spectateurs face aux corps, aux déchets, aux miroirs et au rythme. Une petite apocalypse brillante qui semble réglée comme une horloge suisse.
Séances et tarifs
Générique
Conception : Maguy Marin • Avec 9 interprètes • Dispositif sonore et musique : Denis Mariotte • Lumières : Alexandre Béneteaud • Costumes : Nelly Geyres • Son : Chloé Barbe • Régie plateau : Balyam Ballabeni, Pascal Bouvier
Production : Compagnie Maguy Marin • Coproduction : Le Théâtre de la ville (Paris), Maison de la danse (Lyon), Le Toboggan (Décines), Charleroi et le Teatro Municipal do Porto – Teatro Rivoli pour la reprise 2021, Compagnie Maguy Marin