Le jeudi 13 juin 2024 à 20h

THÉÂTRE

Le temps des fins

Guillaume Cayet

Cie Le désordre des choses

© Christophe Raynaud de Lage
© Christophe Raynaud de Lage
© Christophe Raynaud de Lage
© Christophe Raynaud de Lage

Présentation

Plus que l'histoire d'une forêt menacée de destruction, Le temps des fins est une véritable fable écologique, politique et poétique. Grâce à un décor immersif, Guillaume Cayet nous plonge dans une saga environnementale saisissante.

Un seul lieu, une multitude de destins : une forêt va être rasée pour construire un lac destiné à alimenter une centrale nucléaire. Un chasseur mystique, des militant·e·s idéalistes et une famille, tous et toutes liées de différente manière à ce territoire, se succèdent sur scène. À travers ces trois destins et en trois parties, Le temps des fins s’interroge sur le devenir de notre société contemporaine dans un monde au seuil de profondes mutations. Au gré des rythmes galvanisants de la musique d'Anne Paceo, un chœur fera basculer cette pièce dans la dimension du mythe avec un souffle épique…

L’aube d’un changement signe ici la fin d'un monde et le début d’un nouveau… Avec, en perspective, d’autres façons de penser le monde face à la crise climatique.


« Je viens de la campagne.
Depuis gamin, j’écris sur les arbres. À l’école primaire, au couteau, nous gravions nos noms avec mon amoureuse de l’époque dans l’écorce d’un sapin. Puis plus tard, une fois devenu auteur, j’ai eu l’envie pulsionnelle et répétitive de plonger mes personnages dans l’univers sylvestre. La forêt, ses habitant·e·s: humains et non-humains. La forêt a toujours été pour moi un espace poétique et politique. Poétique, car elle me rappelait mes nombreuses pérégrinations enfantines, mes dérives. Politique, car juste à côté de
chez moi la défense d’un Bois à Bure était devenue le fer de lance d’une contestation plus massive contre l’installation d’un centre d’enfouissement de déchets radioactifs. Partout, la forêt dialogue avec nos utopies. Partout, la forêt a toujours été l’endroit d’expression de nos désirs. Gamin je me souviens qu’avec David Claude, qui était le seul jeune de mon âge dans le village, nous passions du temps à nous construire des cabanes dans les
bois, puis passions du temps également à les détruire. C’était pour nous le sentiment le plus puissant qui soit, détruire ce qui seul formait pour nous un monde habitable: la forêt. Un lieu des possibles. Un lieu des rêves. Un lieu d’utopie. Un lieu d’évasion. Le lieu de nos imaginaires. Nous passions notre temps à détruire ce que nous construisions, peut-être pour mieux le reconstruire derrière. D’ailleurs, nous entretenions avec cette forêt qui bordait notre village un rapport ambigu: la forêt nous appelait (nous en rêvions la nuit comme d’une chimère) en même temps qu’elle nous repoussait. S’y côtoyaient des fantasmes de liberté pure — sans entrave, une vie nue dans les bois — et des bunkers de la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, je côtoie énormément de littératures éco-féministes, de
pensées d’écologie radicale. Je crois que c’est la seconde impulsion de ce spectacle. Parler pour une fois d’environnement. Parler pour une fois, dans mon écriture, de solution à la «crise climatique». Parler pour une fois de comment sortir la tête haute des brouillages politiques dans lesquels notre société est engluée. Et pour cela, ramener encore ces réflexions à ma propre expérience de gamin dans les bois. Dans Le temps des fins, il est question de tout cela. D’utopies et de forêts. De fin d’un monde, de désastre annoncé, et surtout, et toujours, de luttes. Car face aux annonces collapsologistes d’un effondrement programmé, d’un monde en sursis, quelles armes avons-nous pour lutter?
Le temps des fins sera le récit de ces hommes et femmes sans monde, pris·es au piège entre un monde qui tarde à mourir et un autre qui tarde à naître. Le temps des fins sera donc un spectacle autour de l’écologie politique,
ou plutôt de l’écologie radicale. Ce ne sera pas du tout un spectacle sur l’effondrement, sur la collapsologie, mais au contraire un spectacle sur toutes ces brèches de possibles qui s’ouvrent dans notre société actuelle et qui sont refermées par l’ordre, par l’État, le plus souvent violemment.
Ce sont ces brèches-là qui m’intéressent.
Ces brèches-là qui pensent déjà, à l’intérieur de notre monde vieillissant, un monde plus habitable. Puisque de toute façon, les mondes de rechange n’existent pas. Qu’il n’y aura pas d’autre monde. Trouvons, une fois encore, d’autres façons d’habiter celui-ci. En filigrane du temps des fins, expression empruntée au philosophe allemand Günther Anders, cette pensée: «il semble plus facile d’imaginer la fin
du monde que la fin du capitalisme». Si la fin du monde nous semble plus préhensible parce que nous en possédons des images et des représentations, il nous reste justement à produire des images et des imaginaires de ce que pourrait-être la fin du capitalisme. Le temps des fins, à sa toute petite échelle, tente d’en offrir une représentation. »

Guillaume Cayet, avril 2023

Séances et tarifs

Générique

Texte et mise en scène : Guillaume Cayet • Avec : Marie-Sohna Condé, Vincent Dissez, Mathilde Weil • Avec la participation de : Achille Reggiani • Scénographie : Cécile Léna • Lumière : Kevin Briard • Création musicale et sonore : Antoine Briot • Vidéo : Julien Saez • Costumes : Patricia De Petiville, Cécile Léna • Création masques : Judith Dubois • Collaboration artistique : Julia Vidit • Musique originale : Anne Paceo • Avec les voix de : Cynthia Abraham, Laura Cahen, Paul Ferroussier, Celia Kameni, Florent Mateo, Anne Paceo et Isabel Sörling • Régie générale : Charles Rey • Figurant·es tournage : Sylvie Brunet, Nicolette Chazalet, Mélisse Codorniu, Bruno Darribère, Jacques François, Lilou Guinet-Marie-Dit-Moisson, Benjamin Lacave, Diego Lafaye, Barbara Leroy, Mélissa Leroux, Emmanuel Linée, Pauline Perochon, Robin Perochon, Mireille Pizette, Julie Pradera, Youcef Retif, Maeva Zwirn • Régie générale tournage : Djamel Djerboua • Conseiller littéraire : Jean-Paul Engélibert • Équipe artistique pour la version LSF : Anthony Guyon, Lisa Martin, Géraldine Berger de la Compagnie ON OFF • Texte publié aux Éditions Théâtrales (2024) • Visuels : Thierry de Folmont • Spectacle créé le 22 mai 2024 à La Comédie de Valence (Théâtre de La Ville)


Production : La Comédie de Valence, Centre dramatique national Drôme-Ardèche ; Compagnie Le désordre des choses • Production déléguée : La Comédie de Valence, Centre dramatique national Drôme-Ardèche • Coproduction : Théâtre Ouvert, Centre National des Dramaturgies Contemporaines; Théâtre de la Manufacture - CDN Nancy Lorraine ; Théâtre de la Cité internationale ; Scène nationale de l’Essonne ; Espace 1789 – Saint-Ouen ; Acb scène nationale Bar-Le-Duc ; Lieux Culturels pluridisciplinaires de la ville de Lille ; Centre culturel de La Ricamarie • Avec la participation artistique du Jeune théâtre national • Le désordre des choses est une compagnie conventionnée avec la DRAC Auvergne–Rhône-Alpes. Elle reçoit le soutien de la région Auvergne–Rhône-Alpes et du département du Puy-de-Dôme. • Guillaume Cayet est artiste associé au Théâtre de la Manufacture – CDN Nancy-Lorraine. • La compagnie le désordre des choses / Guillaume Cayet est soutenue par le Département de la Seine-Saint-Denis dans le cadre de la résidence artistique à l’Espace 1789 de Saint-Ouen. • Guillaume Cayet est membre de l’Ensemble artistique de La Comédie de Valence, Centre dramatique national Drôme-Ardèche. • Remerciements à LADAPT Le Safran dans le cadre du programme Culture et Santé soutenu par l’ARS, la DRAC, et la région Auvergne-Rhône-Alpes, à Jazz Action Valence, au restaurant l’Arcade, à Marc Bordreuil, à Chantal Jaunac et à la Mairie de Saint-Michel-de-Chabrillanoux.

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