Quand vient le silence

Dans l’intimité de leur loge, deux comédiennes se préparent pour une représentation d’Antigone. Maquillage, dernier coup d’œil insondable au miroir. Moins concentrées, moins impassibles qu’il n’y paraît, elles sont toutes à leurs réflexions… qui ne sont pas celles que l’on pourrait imaginer à quelques minutes du lever de rideau. Et encore moins quand sur les planches, devenues Antigone et Ismène, elles se donnent la réplique sans jamais vraiment interrompre le cours de leurs pensées.  

Alors qu’en mode automatique, les actrices débitent leur texte et se donnent la réplique, une part d’elles-mêmes vagabonde, aux prises avec la vraie vie. Chacune porte sur elle une enceinte qui donne à entendre sa voix intérieure, dispositif qui nous connecte à deux femmes terrifiées de monter sur scène. Dont l’esprit est traversé de doutes, de souvenirs, des fragments d’un drame personnel. Ces réflexions sensibles, humaines en diable, et même parfois cocasses, déclinent toute la palette des sentiments. Un double jeu qui perturbe et émeut autant qu’il fascine.