Présentation
Aimons-nous vivants, c’est du cirque exotique. C’est aussi une chanson de François Valery. Entre le théâtre et le cirque, la zone est perméable, et c’est bien ce désir de transdisciplinarité qui engage Arnaud Saury depuis quelques années déjà : de la parlotte et un agrès, une sorte de plan quinquennal sans équivoque pour porter l’altérité au sommet…
Sur scène, il n’y a qu’Arnaud, le circassien virtuose Samuel Rodrigues et un mât chinois de cinq mètres cinquante. Coiffé de palmes de cocotier et orné de bananes, le mât n’a plus rien de chinois d’ailleurs. Il est le point culminant de leur île, un bien maigre territoire, entre la France et le Portugal, hérité du passé colonial de leur pays respectifs.
Isolés comme jamais, ils se prennent à rêver de Vendredi et de Crusoé sans trop savoir qui incarner aujourd’hui…
Être deux, non côte à côte mais ensemble et pris dans un même mouvement : chacun faisant une place à l’autre sans perdre la sienne. « Comme une envie de dire "je t'aime"… Quand on est au bout de soi-même ». Une sorte de gais savoirs partagés où les corps se portent, se tendent, se rattrapent et parfois se blessent aussi. C’est sur cette pente glissante, portée par un texte de haute voltige à l’humour renversant, que le goût du risque, le goût de l’autre, nous donne résolument le vertige.
Note sur la génèse du spectacle
« Les pensées sauvages de ce nouveau duo de fanfarons en cavale auront la part belle avec ce projet. Non pas pour établir un nouveau record mais bien pour bâtir une fois encore un vrai terrain d'échange et mêler des pratiques. Naissant de ces désirs croisés, le projet décalera une fois de plus les habitudes. Cette évidente porosité tisse naturellement des liens inattendus. Voilà bien l'intérêt, à mes yeux. J’ai déjà appris que mon comparse Samuel avait vu la création de DAD IS DEAD en 2016 (!) Il venait de débarquer en France depuis son Portugal natal et ne connaissait pas à l’époque un seul mot de français. Autant dire que le projet lui est passé par-dessus la tête. Il entamait une formation professionnelle à l’école de cirque de Bordeaux où il enseigne aujourd’hui le mât chinois. J’ai donc un bon professeur. J’apprends aussi que des liens s’opèrent entre le mât chinois et la pole dance. C’est ce qui pourrait me sauver. Pourtant notre mât ne glisse pas. Mon corps est déjà parsemé de brûlures. Samuel, dans sa tentative actuelle de me porter sur le mât, se découvre des douleurs inédites. Cela le fait rire. J’ai un bon partenaire. Nous avons fait le choix d’entamer le travail sans tapis de réception sur un mât de cinq mètres cinquante. C’est une bonne école. Samuel reste un support vital dans cette histoire, j'en use pourtant un chouïa de trop en prenant appui sur son corps meurtri. D’ailleurs, quand Sam parle de son corps il prononce cœur et cela brise le mien. Saudade.
On sait bien que le cirque porte en lui le désir de défier les lois de référence et de repousser les limites mais parler de ses peurs ou de sa prise de risque ne va pas de soi. La banalisation de la blessure et la normalisation de la douleur prédominent également. Mais plutôt que de débattre autour de la question du risque zéro, il est tout bonnement tentant dans cette histoire d’y trouver sa place et d’y faire son trou. Le plateau reste un terrain de jeu chargé en leurre et utopie (qui laisse pourtant entrevoir derrière la surface des choses, ce je-ne-sais-quoi d’un bruissement du sens qui constitue l’essence même du plateau). Roland Barthes et consort en parlent beaucoup mieux, cela va sans dire. À chacun son métier. Perso, je remonte sur mon cocotier. »
Arnaud Saury
Biographie
Arnaud Saury est issu de la deuxième promotion de l’école du TNB (Rennes). Il travaille par la suite avec les metteurs en scène Matthias Langhoff et Jean-Luc Terrade. Il occupe pendant 6 ans un tiers-temps de danseur atypique au sein de La Zouze (Marseille). Il rejoint le groupe de travail Humanus Gruppo (Rennes) puis travaille avec Nicolas Frize sur La Danse des Traductions. Collabore avec Mireille Guerre et Raffaella Giordano (Pour le reste on verra), Suzanne Joubert et Marie Vayssière (Show Room). Regard extérieur avec le groupe Impérial Orphéon (Gala), Olivier Debelhoir (L’Ouest loin), Sidney Pin / La Volte (La balançoire géante)... Il est membre fondateur de Mathieu Ma Fille Foundation (Marseille) et initie dans la foulée l’écriture de projets transdisciplinaires et collectifs, I’m a Love Result en 2012, puis le cycle Mémoires du Grand Nord, En dépit de la distance qui nous sépare, Dad is Dead, Manifeste (nous n’avons plus d’histoire à raconter) et la série Dans ma chambre.
Voir, écouter et lire
La revue du spectacle
Viendra le temps d'un câlin en altitude et d'une chute poétique... aiguisant encore plus notre désir de découvrir, le jour du printemps prochain, la première de cette belle performance dont les prémices sont plus que prometteuses.
Séances et tarifs
Autour du spectacle
Rencontre avec l'équipe artistique, dans le Hall du ZEF, à l'issue de la représentation du jeudi 16 janvier
Générique
Conception : MMFF – Arnaud Saury • Écriture et interprétation : Arnaud Saury & Samuel Rodrigues • Collaboration artistique : Suzanne Joubert (Texte) & Marie Vayssière (Dramaturgie) • Coach Mât chinois : Kinane Srirou • Lumière : Jean Ceunebroucke & Alix Veillon • Régie générale : Paul Fontaine • Production / diffusion : Déborah Boëno
Coproductions : Agora - Pôle national cirque - Boulazac - Nouvelle Aquitaine ; Pôle Arts de la Scène - Marseille ; ONYX - Scène conventionnée de St Herblain ; Le Prato - Pôle national cirque - Lille ; Théâtre des Halles - Scène d’Avignon ; Archaos Pôle national cirque – Marseille ; Le Palc- Pôle national cirque - Châlons en Champagne - Grand Est • Soutiens : Espace Périphérique - Paris ; Cirk'Eole - Montigny-lès-Metz ; La Cascade - Pôle national cirque - Bourg-Saint-Andéol ; Cheptel Aleïkoum - Saint Agil ; iddac, agence culturelle du Département de la Gironde ; Atelier des Marches et Festival Trente Trente - Bordeaux métropole ; Ministère de la Culture - Direction Régionale des Affaires Culturelles - Provence Alpes Côte d’Azur ; Département des Bouches du Rhône ; Ville de Marseille